Les 5 et 6 novembre derniers, les Journées ADM’ Photovoltaïque se sont tenues à Paris, réunissant un large panel d’acteurs du secteur (développeurs, chercheurs, maîtres de conférences, bureaux d’études, le réseau des Générateurs etc.) engagés dans l’essor du photovoltaïque. L’événement a abordé deux grandes questions : comment massifier le photovoltaïque au sol de manière vertueuse et comment favoriser son appropriation ?
Au cours de ces journées, plusieurs intervenants ont présenté des innovations déployées sur leurs territoires, visant notamment à répondre aux enjeux soulevés par le Zéro Artificialisation Nette (ZAN). Nous vous en proposons ici quelques exemples.
1) Le panneau photovoltaïque vertical bifacial :
Avant de détailler cette technologie, il est essentiel de comprendre ce que l’on entend par photovoltaïque vertical bifacial. Cette technique consiste à installer les panneaux photovoltaïques de manière verticale, contrairement à l’installation classique où les panneaux sont inclinés. Un tel agencement permet de capter la lumière solaire des deux côtés des panneaux, ce qui prolonge la période de production d’énergie. Ça permet ainsi de diminuer les besoins d’écrêtement de la production puisque la production est moins concernée par le pic du midi. Elle diminue également le risque de devoir vendre de l’énergie à des prix négatifs, étant moins concernée par les pics estivaux et la mi-journée. Enfin, grâce à une production plus uniforme tout au long de la journée, elle limite les besoins en équilibrage ainsi que les coûts associés. Ces panneaux bifaciaux offrent également de nombreux co-bénéfices : ils agissent comme brise-vent ou peuvent encore servir de clôtures pour délimiter des espaces.
Le photovoltaïque vertical peut être déployé le long des infrastructures routières, ferroviaires, ou des cours d’eau. Le Centre Commun de Recherche (Joint Research Center) de la Commission européenne a mené une étude sur le potentiel de cette technologie le long des principaux axes routiers et ferroviaires en Europe. Les résultats sont frappants : 403 GWc de panneaux photovoltaïques qui permettraient de produire 391 TWh par an. À titre de comparaison, l’objectif européen de production d’énergie renouvelable pour 2030 est de 700 GWc.
En Isère, un premier démonstrateur de 350 mètres de long a été installé à Sablons début 2022, sur un versant du Rhône. Composé de 288 panneaux bifaciaux, ce projet d’une puissance de 104 kWc produit l’équivalent de la consommation de 50 foyers. De nombreuses autres applications sont également envisageables, en particulier dans les zones montagneuses enneigées. L’effet d’albédo (la réflexion du rayonnement solaire via la neige) pourrait, en effet, accroître la production d’électricité, surtout en hiver.
2) Le panneau photovoltaïque flottant :
Autre technologie innovante : le photovoltaïque flottant « offshore ». Le déploiement de cette solution permet de répondre à une problématique majeure de la filière photovoltaïque : la nécessité de déployer des installations à grande échelle, tout en réduisant l’emprise sur le foncier terrestre. En effet, bien que la technologie photovoltaïque ait fait d’énormes progrès, la majorité des projets restent de petite taille. Une des solutions pour surmonter cette contrainte est d’implanter des panneaux photovoltaïques dans des zones maritimes, comme les mers et océans.
Le photovoltaïque flottant présente plusieurs avantages : il n’entraîne pas de nuisances visuelles majeures (contrairement à l’éolien offshore, par exemple), et sa production est en moyenne 15 % plus élevée que celle des installations terrestres grâce à la capacité de rafraîchissement de l’eau présente sous les modules. De plus, la mise en place est plus simple et moins coûteuse que pour un parc photovoltaïque classique. Des ancres hélicohidales et des câbles souples sont utilisés pour fixer les panneaux au fond marin, permettant aux installations de s’adapter aux mouvements de l’eau. Les matériaux utilisés sont également résistants à la corrosion.
Les zones maritimes offrent trois marchés potentiels majeurs pour ce type de photovoltaïque : les ports, les zones d’eau douce (notamment en format « îles ») et les installations co-localisées avec l’éolien offshore.
En France, le projet Sun’Sète, lancé à Sète (Occitanie) en décembre 2022, est un exemple de ferme solaire flottante. Résistant à des houles allant jusqu’à 11 mètres, ce projet a été un pionnier dans le secteur. En 2025, après un an d’exploitation, le projet passera à l’étape suivante : Mega Sète, qui deviendra le premier parc solaire flottant en Méditerranée. Ce projet sera composé de 12 flotteurs sur une superficie d’un hectare, avec une capacité de production de 1 MWc.